Présentation

La déclaration de Staline sur son approbation de la défense nationale suscite la division au sein de la Bataille socialiste. Autour de Zyromski, les partisans de l’antifascisme acceptent ce tournant quand des militants refusent ce qui est analysé comme un premier pas vers l’Union sacrée, prélude de la guerre. Toutefois, l’alliance ne se fait pas avec les partisans de Trotsky regroupés dans la tendance des Bolcheviks-Léninistes (Bl), exclus des Jeunesses puis du parti au mois de septembre 1935. Un de leurs représentants est présent lors de la réunion, Fred Zeller. Après leur départ, les partisans de la révolution avant la guerre se retrouvent autour de Marceau Pivert. Le débat sur les Bl marque la réunion de fondation de la Gauche révolutionnaire (Gr) lors duquel deux conceptions de la tendance à créer s’affrontent : la première repose sur la création d’un Cartel des gauches socialistes, portée par Treint cette vision est combattue par la majorité des présents décidés à créer une structure nouvelle, autonome.. Avec la GR, une nouvelle forme d’organisation interne naît au sein de la sfio. Quand la BS se structure autour d’AG régulières en région parisienne, d’un journal avec son comité de rédaction, de réunions avec la province au moment des congrès, la nouvelle tendance conçoit un système d’organisation beaucoup plus strict. Si elle se dote d’une revue intérieure, La Gauche révolutionnaire, la tendance possède une revue extérieure Masses dont le contenu est expurgé de tout article interne à la SFIO. Par ce double système, la GR se pose tout à la fois comme tendance traditionnelle et comme organisation autonome. La tendance possède des cartes d’adhérents¹, un Bulletin intérieur², un Comité directeur, des responsables pour chaque secteur de la société³. Avec ce dispositif les militants «pivertistes» déclinent leur double identité de départ. A l’insertion dans la SFIO, répond la construction d’une organisation autonome dans le système politique, liée à l’espace révolutionnaire parisien. En effet, les militants en provenance des mouvements, groupes, syndicats structurant cette partie de la gauche entrent à la GR avant d’adhérer à la SFIO qui devient une expression politique de ce milieu. A signaler la présence de militants socialiste de gauches allemands exilés dont Boris Goldenberg est le plus influent dans la tendance⁴. S’affirme la possibilité de regroupement de militants extérieurs à la SFIO, au sein de la GR devenue carrefour des opposants à la guerre.

Document

« Claude Beaurepaire (XVIII^e)

Notre plate-forme doit contenir notre position notre positon contre la déclaration de Staline et l’exclusion des jeunes. Il faudrait réunir les différentes tendances qui sont d’accord là dessus. Les Bl ne doivent pas adhérer de suite, plus tard, on pourrait voir ça.

Marceau Pivert :

Il faut la solidarité avec les Bl. Du travail en commun avec eux pour certaines choses. Pas d’unité organique avec eux qui sont fortement organisés et où il faudrait se soumettre à leurs méthodes, leurs statuts, etc. Il faut nous aussi devenir aussi fortement organisés et sur un même plan collaborer avec eux. Eventuellement comité de coordination avec Bl à envisager.

Treint :

Faudra résister de plus en plus à une vague d’exclusions et arriver peu à peu à une Gauche révolutionnaire unifiée dans le parti. Mais comme il y a encore beaucoup d’opinions divergentes parmi les tendances gauches (par exemple sur la Russie) il faut organiser un cartel des gauches avec discipline commune.

Marceau Pivert :

Pas le temps de couper cheveux en quatre. Il faut élaborer un programme au caractère collectif et anonyme pour résoudre choses que l’ensemble du parti n’est pas encore capable de résoudre.

Weil-Curiel :

Il faut s’élever contre l’exclusion des trotskystes. Mais pas couper liens avec eux. Favorise l’adhésion individuelle des trotskystes si toutefois les Bl ne veulent pas se dissoudre pour adhérer en bloc à la Gr.

Marceau Pivert :

On l’avait proposé à Molinier qui a nettement refusé et la dissolution du Gbl et l’adhésion individuelle des membres.

Boris Goldenberg : Lit les 7 points de la plate-forme (élaborée avec René Lefeuvre avant la séance).

Autre camarade :

Sur cette plate-forme qui sera propre à la tendance il faut faire du bon travail qui peu à peu attirerait les autres tendances.

Georges (défendant Treint) :

Il y a du danger à se concentrer en une seule tendance car toute tendance a des limites et empêcherait d’autres tendances d’agir.

Il y en a qui ne veulent pas d’étiquettes. Donc : Cartel serait l’anonymat de tout ce qui serait fait et constituera une sécurité pratique.

Gaston Golschild :

Treint a tort ici. Il faut une étiquette. Elaborons le programme et viendra qui voudra.

Marceau Pivert :

Faut voter pour la constitution de la tendance Gr qui est adoptée presque à l’unanimité contre quatre voix. Treint veut quitter la salle mais reste après.

Fred Zeller

Prétend qu’on a « exclu » Treint sans avoir même un programme. Veut qu’on se prononce surtout d’abord sur Lille et sur ce qu’on fera si 25 Bl sont exclus.

Mais Marceau Pivert procéde à lecture des 7 points du programme.

(..)

Goldenberg ajoute qu’un gouvernement éventuel de Front populaire sera pour nous un gouvernement de transition. Ne pas supporter parlementaire ou bourgeois. Pas de gouvernement double. Faut d’ores et déjà créer des organisations démocratiques englobant les masses.

Weill-Curiel

Il faudra les présenter sous un nom « innocent » comme « défense prolétarienne » ou autre. Accepté.

Election du CD avec Gaston Floutard comme secrétaire administratif.

Marceau Pivert précise que Gr doit comprendre tous les responsables des anciennes tendances

Est élu un comité de presse : René Lefeuvre, Gilbert, Simone Kahn, Golschlid.

Marceau Pivert propose de faire une autre proposition aux Bl avec cette nouvelle plate-forme et propose avec Weill-Curiel de prendre Zeller dans le Cd pour marquer le coup par rapport à la bureaucratie concernant son attitude par rapport aux trotskystes.

Tâches urgentes.

Candidats à la Ce : Périgault, Fred Zeller, Goldschild, Gillet (Bondy), Canet.

Elections Sénat. Marque le coup par candidature Gr pour se différencier des candidats Front populaire comme Auray.

Proposé et accepté : Delépine. »