Coordination : Christian Beuvain
Passage en revues : Jean-Guillaume Lanuque (JGL).
A) REVUES SCIENTIFIQUES OU A PERSPECTIVES SCIENTIFIQUES (histoire, sociologie, science politique, philosophie, littérature, art, etc.)
a) Les communismes, trotskysmes, maoïsmes
Cahiers du mouvement ouvrier, n° 67, troisième trimestre 2015.
Cette dernière livraison de la revue désormais unique du CERMTRI est aussi la dernière parue avant l’explosion au grand jour de la crise interne du CCI du POI, dont dépend le financement du CERMTRI. Jean-Jacques Marie, fondateur et directeur des Cahiers du mouvement ouvrier, fait en effet partie de la minorité, et la question de la pérennité de la revue, tout au moins sous sa forme actuelle, se posera nécessairement.
La partie propre à l’ancienne formule des Cahiers du mouvement ouvrier est moins copieuse que pour le précédent numéro, principalement en raison du faible nombre d’articles. En dehors d’un dossier documentaire autour de la fusillade de Clichy en mars 1937, qui permet d’insister sur la responsabilité du Front populaire, SFIO et PCF tout particulièrement, il n’y a que le texte de Michel Barbe qui entre dans cette catégorie. Il revient – avec force points d’exclamation ! – sur une lutte locale concernant Marseille, autour du changement de nom de la place Robespierre, dans le IXe arrondissement, changement tenté par la municipalité à la fin des années 1990 et en 2014. Reconnaissons tout de même à cet article le rappel d’un certain nombre de faits concernant Robespierre et sa légende noire. Pour ce qui est des lectures critiques, Nicole Perron reproche au Jaurès de Gilles Candar et Vincent Duclert de ne pas suffisamment souligner le caractère internationaliste et révolutionnaire de sa pensée (même si elle est loin, bien sûr, de se résumer à ces caractéristiques), tandis que Rémy Janneau souligne les limites méthodologiques et factuelles de l’étude de Sarah Fainberg sur l’antisémitisme soviétique après Staline (Les Discriminés).
La partie correspondant aux anciens Cahiers du CERMTRI, renommée ici d’après leur numérotation originale, s’intéresse, dans la lignée de livraisons précédentes tournant autour de la marche à la Première Guerre mondiale et de l’attitude des mouvements socialistes, aux positionnements du mouvement ouvrier russe. Après un rappel utile et bien équilibré de la situation de chacun des courants politiques, plusieurs textes sont reproduits, émanant de Lénine, Zinoviev, Trotsky. La conférence de Zimmerwald est replacée dans son contexte pratique par un extrait des souvenirs de Jules Humbert-Droz (et non de Robert Grimm, comme indiqué par erreur) et des compte rendus de Lénine et Zinoviev. Dans cette représentation favorable aux bolcheviques (et dans une moindre mesure aux anciens mencheviques se rapprochant d’eux), les voix alternatives, pro-guerre ou plus nuancées, sont réduites à la portion congrue : une lettre de Plekhanov, de brefs articles de Martov (pour les mencheviques internationalistes) et Tchernov (pour les socialistes-révolutionnaires), tandis que Kropotkine (anarchiste) ou Tchkeidze (menchevique) ne sont évoqués que par un autre extrait de Jules Humbert-Droz. Tout cela laisse une certaine impression d’inachevé. (JGL)
[Cahiers du mouvement ouvrier, 28 rue des petites écuries, 75010 Paris. 9 € le numéro (+ 1,50 € de frais de port), 35 € l’abonnement annuel pour quatre numéros (40 € pour l’étranger)]
b) Divers
Le Drapeau rouge, n° 8, janvier 2016.
La revue de l’association RaDAR, qui fête cette année ses dix ans, a désormais adopté un format plus réduit, aussi bien en taille qu’en quantités de pages. Les textes reproduits sont donc en nombre relativement restreint. Le plus important, sujet d’un dossier qui ne comprend finalement que lui, évoque la grève des délaineurs de Mazamet, dans le Tarn, en 1909 : il s’agit de larges extraits d’une brochure rédigée à l’époque par Victor Griffuelhes, dirigeant de la CGT. Un conflit d’autant plus intéressant qu’il concernait une population ouvrière a priori attachée aux traditions et à la religion catholique, ayant mené une lutte de longue haleine, qui plus est couronnée de succès. Victor Griffuelhes développe particulièrement ce contexte, évoquant également les difficiles conditions de ce travail particulier. Hélas, en dehors de quelques notes de bas de page, et d’une série de photographies fort pertinentes, il manque un appareil critique consistant et une mise en parallèle avec d’autres articles et des études historiques probablement menées sur ce thème.
Il en de même pour les autres documents reproduits, principalement issus de la presse de la LCR (Rouge, précisément), à l’exception de nouveaux extraits du Juin 36 de Danos et Gibelin : un article sur le dixième anniversaire de la victoire du Vietnam du nord, un autre de la même année sur les événements du 17 octobre 1961, et un dernier sur le génocide des Arméniens (en 2005). Quelques indications bibliographiques ou filmographiques complètent chacune de ces rééditions, mais il aurait sans doute été au moins aussi utile de mettre en perspective ces articles, en les comparant à d’autres sur le même sujet, mais écrits à des dates différentes, afin de voir si l’analyse de tel ou tel événement avait connu des évolutions particulières. Deux documents iconographiques sont également reproduits, une affiche de la JCR et un dessin de La Commune (du PCI trotskyste en 1937), mais la description qui en est faite aurait là encore gagné à davantage d’approfondissement. (JGL)
[Le Drapeau rouge, RaDAR, boîte postale 8, 93100 Montreuil. 7 € le numéro, 28 € l’abonnement pour quatre numéros]
